La pièce de l'année 14-15 : 'Douze hommes en colère'

Monter en 2015 une pièce datant de 1953, la monter dans une école et pour un public majoritairement scolaire, y arriver sans presque aucun moyen professionnel, sans aide véritable, avec sa seule bonne volonté, c'est la performance que la troupe de notre école, 'Les Bacheliers', a réalisée à force de travail et de talent, lors de l'année académique 14-15.
12 comédiennes et comédiens, 1 metteur en scène, 1 scénographe, 20 répétitions, 610 spectateurs...voici, en chiffres et pour faire court le parcours comptable d'une aventure...mais derrière ces chiffres, lapidaires comme tous les chiffres, l'aventure était au rendez-vous!
La pièce est connue, écrite par Réginald Rose, elle a presque immédiatement fait l'objet d'un film célèbre de Sydney Lumet en 1957, avec notamment Henry Fonda. L'argument ? Aux Etats-Unis, un jury de 12 hommes doit statuer, à l'unanimité, sur le sort d'un jeune homme accusé de parricide. Si il est jugé coupable, c'est la chaise électrique qui l'attend. 11 jurés le pensent coupable, seul 1 des jurés n'est pas certain de la culpabilité de l'accusé et a de sérieux doutes. Lors du vote qui doit décider du verdict final, ce juré ne lève pas la main ...sa raison ? Il n'est "pas sûr". L'unanimité étant requise, ont lieu 2 heures de débat où chacun prend une position qui ne cesse de changer au rythme des arguments qui apparaissent, des révélations qui se font, des faits établis qui se désagrègent...
Brieuc Lemaire, le metteur en scène, a travaillé de façon à ce que le spectateur ressente peu à peu la pesanteur d'un huis clos spatialement limité à une salle exigüe située non loin de la salle d'audience où s'est situé le procès. Cette promiscuité forcée contribue à donner une sensation d'étouffement général qui s'ajoute à la tension entre les jurés qui s'opposent verbalement et physiquement de manière très vive sur la culpabilité de l'accusé.
Sobre, mais très efficace, la scénographie de Joël Vandenberghe délimite parfaitement l'espace de jeu, circonscrit par un cadre de bois suspendu d'où pendent des rubans figurant les barreaux d'une cage où seraient enfermés les jurés. Ces rubans, animés par les déplacements des comédiens, oscillent au gré des courants et confèrent ainsi une vie propre au décor.

Les comédiennes et comédiens, Jeanne Hauzeur, Emma Demoulin, Esther Draguet, Nicolas Corthouts, Diane Kazuba, Esther Vanderlinden , Yasmine Belkadi, Charlotte Seaux, Margaux Heine, Emilien Schroeder, Nathan Castagne et Alizée Lambin déploient pendant près de 2 heures toutes les facettes de leurs jeunes talents, passant du rire au larmes, de la moquerie à l'introspection, de la violence à la séduction, en se jouant d'un texte dont l'écriture n'est pas facile! Bien entendu, tout n'est pas parfait...le 'trou de mémoire' guette, parfois le fou-rire naît, l'accent régional prend l'espace d'un instant le relais d'une diction châtiée, mais l'enthousiasme est là, avec le respect de l'oeuvre et du public, qui ne s'y est pas trompé et qui a chaleureusement applaudi les 4 représentations. Gageons que nos comédiens en herbe rêveront souvent de leur trac, et de l'émotion que ressent tout acteur, qu'ils soit professionnel ou amateur, devant une salle qui applaudit : le don de soi-même, c'est cela, le vrai paradoxe du comédien!
'Les Bacheliers' sont fiers de leur troupe, et de cette édition 14-15. Un seul regret, qu'aucune affiche ne pérennise la création de cette année...mais, c'est promis, l'année prochaine, le comité fera de son mieux pour qu'affiche et photos -souvenir soient présentes !
Edouard Vandewalle
Président